C’est la fin de l’année scolaire et c’est aussi le temps pour les ministres d’être évalués par le premier d’entre eux. Matignon communique à fond depuis plusieurs jours sur ce sujet et deux ministres sont déjà passés sous les fourches caudines d’Edouard Philippe. L’idée présentée comme révolutionnaire n’en est pas une et les conséquences de ces évaluations devraient être extrêmement limitées. C’est ce qu’on appelle un coup de com’ un peu trop réchauffé.
Jean-Michel Blanquer, hier, et Bruno Le Maire aujourd’hui ont déjà passé leur entretien individuel avec Edouard Philippe. En mai dernier, le Premier ministre expliquait qu’il était important de « faire le bilan de l’avancement de la feuille de route, vérifier ce qui a été engagé, étudier la suite ». Avec les deux premiers à passer l’examen, il n’y a aucun problème (Matignon se fait fort de ne rien laisser fuiter pour le moment). Blanquer est l’un des trop rares ministres qui tentent de redresser les catastrophes érigées en modèles par ses prédécesseurs tandis que Le Maire possède un totem d’immunité politique.
Une évaluation de la com’ ?
Le ministre de l’Economie est une bonne prise à droite et son évaluation est vite fait puisqu’il exécute ce que lui dit l’Elysée et son administration. Le ministre n’a plus qu’à potasser ses dossiers pour donner l’impression qu’il sait où il va. Habitué aux projecteurs, le vote de la loi Pacte à l’automne prochain ne lui fait pas peur même si ce que contient ce texte devrait en effrayer plus d’un. Demain, ce sera au tour de Nicolas Hulot d’avoir son tête-à-tête avec Edouard Philippe. Vu le bilan du ministre de l’Ecologie, ses atermoiements et ses déclarations contradictoires, l’examen devrait déboucher sur une mise en garde (au mieux).
Pas de sanction pour le ministre qui a du mal avec nombre de décisions prises par le Gouvernement auquel il appartient ? Hulot est trop précieux pour être sanctionné publiquement. Le jour où il quittera ses fonctions, ce sera son choix et non pas celui d’un Edouard Philippe qui existe juste pour faire le piston entre le cœur de la macronie et la droite. Les trois premiers entretiens sont un bon résumé des conséquences qui seront tirées par le Premier ministre : aucune !
Les ministres les plus mauvais ne seront pas virés, et ceux qui sont considérés comme bons resteront. Mais à la fin du mois de juillet, on dira que tous les problèmes ont été mis sur la table et un séminaire gouvernemental de rentrée donnera le sentiment que cet exécutif est décidément un bourreau de travail. Macron promettait le renouveau, les Français ont du réchauffé. L’évaluation des ministres avait alimenté les médias en 2008 sous Sarkozy et les mêmes phrases sont ressorties en 2018 pour nous vanter l’audace et l’inventivité de la chose…
Si même la macronie n’arrive plus à innover en termes de communication, que lui reste-t-il ? Les quatre prochaines années à combler le vide vont être éreintantes. Pas sûr que tous les ministres puissent faire preuve d’assez d’inventivité pour berner leur monde et contribuer à une réélection facile d’Emmanuel Macron.
Source : 24heuresactu